Mort d’un instituteur à Villefranche-Saint-Phal

 

Continuons notre petit tour de nos 14 communes de Charny Orée de Puisaye à la belle époque à travers  » la petite histoire » de nos communes.

Nous sommes en 1907 à Villefranche-Saint-Phal et nos petits écoliers n’ont plus d’instituteur. Le samedi  7 décembre M. Pierre-Alexis Gason, officier d’académie, instituteur à Villefranche-Saint-Phal, faisait sa classe comme d’habitude lorsque, vers dix heures du matin, il fut pris d’un malaise. 

Les enfants de l’école voyant leur maître malade s »empressèrent d’aller chercher sa femme. Monsieur Gason fut transporté dans la salle à manger sur un matelas, où les soins les plus éclairés lui furent prodigués par le docteur Gâche, mais en vain, M. Gason, succomba le lendemain matin d’une congestion cérébrale sans avoir repris connaissance.

L’histoire aurait pu finir simplement par un enterrement et un beau discourt, mais le jour des obsèques, on fut étonné par l’absence des Villefranchois et Villefranchoises. Ce manque de présence a tellement frappé l’opinion publique qu’un texte écrit dans la presse avait fait beaucoup de bruit dans la ville. 

En voici quelques extraits:

C’était une cérémonie bien triste, bien navrante ; mais rendue plus triste et plus navrante encore par l’absence, aux obsèques, de la plus grande partie de la population. Pas un ancien élève pour lui dire adieu. Derrière son convoi, pas vingt personnes de ce pays où, pendant vingt-huit ans, il a dépensé son intelligence et ses forces.

Pour mériter votre estime, il faut en faire un peu plus, dites-vous, gens de Villefranche. Eh oui ! Je suis bien de votre avis. La preuve, c’est qu’après avoir instruit trente de vos générations, il vous laisse l’esprit plus fruste qu’aux premiers jours.

Braves gens, vous avez raison ! Le travail intellectuel, c’est toujours trop payé, cela ne se voit pas. Et, en effet, chez vous, c’est comme ça : avec les meilleures méthodes et le plus absolu dévouement, cet instituteur d’élite n’a pu défricher les broussailles de votre cerveau. D’abord, est-ce que vous demandiez à être défrichés ?

Et puis 28 ans ! Est-ce qu’on reste 28 ans dans un pays ? Pauvre ami, tu te croyais utile ; tu n’étais que mouche d’un coche. On te le fit bien voir.

Gens de Villefranche, à l’esprit large, chacun sait ça, écoutez cependant : nul n’est complètement bon, ni complètement mauvais. Quand on a fait plus de bien que de mal, on a droit à l’estime d’autrui. Quand on a fait plus de mal que de bien, on a droit à l’exécration. Or, cet homme, de l’avis de ses chefs, de ses amis, de ses collègues, a fait énormément de bien, à vous, à sa patrie ; il devait pouvoir compter sur votre reconnaissance. Mais c’est une fleur qui ne pousse pas sur votre territoire.

J’admire l’instituteur qui viendra prendre sa place, mais ne l’envie point.

À bientôt pour d’autres histoires de nos communes.

Pascal  

 

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Courtenay – La place le jour du marché à la belle époque

Courtenay la place le jour du marché

Nous sommes un jeudi de 1914 et c’est le jour du marché à Courtenay.

La ville compte 2876 habitants administrés par le maire M. Chesneau. Les marchands de bestiaux sur la commune en 1914 sont M. Bajou, M. Garnier, M. Marchaison, M. Neveu et M. Vincent. Pour la vente de chevaux, c’est M. Morisson et M. Ravisé à qui il faut s’adresser.

Pour l’achat d’une belle bicyclette ou la réparation de son vieux vélo, les maisons Drouet, Fribaultet Prévost sont à votre service. Pour louer une voiture hippomobile et chose plus rare, une automobile, on demande à la maison de M. Barrière ou de M. Glandon.

La ville compte aussi une belle usine de 2500 m2 de bâtiment appartenant à M. Lebeaupin où l’on fabrique des barattes et des écrémeuses. Cette même usine sera complètement détruite par un incendie dix ans plus tard, en 1924.

Tout est calme à Courtenay en ce mois de mars 1914 et on ne peut pas imaginer que dans quatre mois la grande guerre va commencer.

En ce mois de mars 1914, les prix sur le marché de Courtenay sont encore raisonnables. À la fin de la guerre en 1918, les prix auront quasiment doublé, et continueront d’augmenter. La France connaîtra une inflation d’une ampleur inconnue après un siècle de stabilité.

L’indice des 13 produits de première nécessité passera de 100 en juillet 1914 à 261 en octobre 1918.

Voici quelques prix constatés en 1914 puis en 1917 sur le marché de Courtenay.

Les 75 kg d’avoine pour 32 fr (60 fr en 1917), le pain blanc à 0,40 fr le kilo (0,55 fr en 1917), 1 kilo de beurre à 3 fr (6,90 fr en 1917), un lapin à 3 fr (5,50 fr en 1917) , 1 kilo de veau à 2,50 fr (4,50 fr en 1917), 1 kilo de porc à 2,30 fr (5,80 fr en 1917) etc. etc.

À bientôt avec « La petite histoire » de Courtenay de la belle époque et des années folles.

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Les anarchistes font du sabotage entre Prunoy et Charny

Allons faire un petit tour à Prunoy à la belle époque. En 1909, la ville compte 579 habitants administrés par le maire M. Gillon. Le boulanger est M. Lambert, le bourrelier M. Desgardes, le cordonnier M. Lesince et les deux sabotiers M. Blin et M. Fourgereux.

L’année 1909 sera pour les bureaux de poste une année de grèves qui déclenchent une colère nationale des utilisateurs des postes et télégraphes. En Juin 1909, les fils télégraphiques et téléphoniques seront coupés entre Charny et Prunoy par des individus qui à l’aide de cordes tendues arracheront les isolateurs de leurs supports. Pour le gouvernement de l’époque « les coupables de ces actes sont des anarchistes »

Pendant plusieurs jours, Charny sera isolé de Joigny, son point d’attache et de tous les autres bureaux environnants. Cette première grande grève généralisée à tous les PTT sera suivie par un très grand nombre d’agents des postes qui malgré les sanctions prises par l’état continueront les arrêts de travail. La France est en colère et le gouvernement ne peut plus laisser les Français et les sociétés sans le seul moyen de communication existant à cette époque.

Le 21 mars 1909, le gouvernement de Georges Clemenceau reçoit les grévistes, promettant la levée des sanctions et la mise à l’écart de M. Simyan (sous-secrétaire d’État aux Postes et Télégraphes).

Le mardi 23 mars, les grévistes décident de suspendre le mouvement de grève. Au cours du mois suivant, aucune des promesses de Georges Clemenceau ne sera tenue
M. Simyan restera au gouvernement et des enquêtes seront ouvertes à l’encontre des grévistes les plus en vue.

  Ce bureau de poste n’existe plus, mais le bâtiment est toujours au même endroit au 17 Place Saint-Laurent à Prunoy.

Un petit montage photo pour montrer le bâtiment d’hier et d’aujourd’hui.

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Avis de recherche de deux jeunes fuyards à Malicorne – l’Orphelinat du Plessis

Avis de recherche à Malicorne
Deux pensionnaires de l’Orphelinat du Plessis, ont profité de la messe de 7 heures du matin, pour s’évader. On suppose qu’ils ont pris la direction de Paris dont l’un est originaire. Le plus âgé avait il y a deux mois, déjà tenté de s’enfuir.
Voici le signalement des deux fuyards : René-Jean Vilietard, 12 ans né en 1898, taille 1m50, cheveux noirs, yeux bruns, visage maigre et allongé.
Léon Duchet, 10 ans taille 1m35 à 1m40 né en 1900. Cheveux châtains foncés, yeux gris, visage rond, teint rosé.
Tous deux, sont vêtus de veston et culotte en coutil gris ; ils portent des bas de laine foncés, sont chaussés de sabots, ou galoches, et coiffés d’une casquette à rabat.
Si vous avez la moindre information sur ces deux enfants, merci de prévenir les sœurs franciscaines de Seillon à Malicorne, Mr. mimigege ou directement la baronne Pierre Séguier fondatrice en 1897 de l’Orphelinat du Plessis à Malicorne.
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Le crime du moulin de la Grange-au-Roi à Grandchamp dans l’yonne

Bonjour à tous
Le saviez-vous ? Le crime du moulin de la Grange-au-Roi à Grandchamp a été l’acte d’un jeune homme de 16 ans.

Tout est calme à Grandchamp avant ce 25 décembre 1912. La ville compte 871 Grandchampois et Grandchampoises administrés à cette époque par le maire Monsieur Nolot.

Comme souvent, à cette époque, les commerces sont nombreux en ville, en voici quelques noms : la charcuterie de M. Bretton, la boucherie de M. Billebauld, les épiceries merceries de M. Cheuillot, Cotté, Darbois, Foulard, Prot, Renaud, les boulangers, Boujet et Pellerin.

Mais revenons à cette triste histoire de la tuerie du moulin de la Grange, et voyons dans quelles circonstances ce crime a été commis. Monsieur Pèlerin, boulanger à Grandchamp, avait comme ouvrier un nommé Gaston Charles Picard, âgé de 16 ans, né à Villiers-Saint-Benoît. Dans la nuit du 25 décembre, vers deux heures du matin, Gaston arrive au moulin de la Grange exploité par les époux Pommeau.

Il tambourine à la porte et demande que l’on donne rapidement des sacs de farine à la demande de son patron M. Pellerin. Monsieur Pommeau, bien qu’étonné de cette demande nocturne, réveille son jeune domestique, nommé Mougeot, pour préparer les sacs et atteler un cheval pour le transport.

Tout à coup, plusieurs détonations retentissent dans le moulin, Gaston Picard vient de faire feu sur le jeune domestique âgé de 15 ans. Monsieur Pommeau, voulant stopper la furie de Gaston, essaya de le désarmer, et les deux hommes roulèrent à terre, et de nouvelles détonations retentirent.

Mortellement atteint, M. Pommeau eut encore la force de crier à sa femme : « Sauve-toi, il va te tuer aussi ! » N’ayant plus de balles dans son revolver, Gaston Picard frappa violemment Madame Pommeau à la tête à plusieurs reprises avec un chandelier en fer. Étant couverte de sang et inanimée, Gaston la crut morte et l’abandonna.

Alerté par les détonations et les cris, le fils de Mr Pommeau, Alcide, accourut, découvrant le cadavre de son père près de la porte d’entrée de la cuisine, et les corps inanimés de sa mère et du jeune domestique. Se voyant découvert, le meurtrier se sauva dans la direction de Villiers-St-Benoît pour se cacher dans l’un des greniers de la ferme des Chaumes Blanches, où il parvint à se cacher deux jours, avant que les gendarmes ne l’arrêtent et ne l’incarcèrent à la gendarmerie de Villiers-Saint-Benoît.

La nouvelle de son arrestation s’est vite répandue dans le pays, et plus de six cents personnes de Grandchamp et Villiers-Saint-Benoît se réunirent devant la gendarmerie pour crier « À mort, tuons le nous-mêmes ! »

Au cours du procès, le jeune assassin avoua qu’il voulait voler le meunier pour donner de l’argent à une femme. Appelés à la barre, tous les témoins dirent que Gaston était un garçon violent, d’un caractère irascible, laissant partout où il passait un très mauvais souvenir, imposant à ses camarades une véritable terreur.

Au cours du procès, on décrivit aussi l’admiration qu’il vouait aux bandes d’Apaches du Paris de la Belle Époque et aux bandits célèbres, Bonnot, Garnier, Valet et Lacombe.

Le procureur de la République, M. Philipon, conclut rapidement la préméditation d’un crime atrocement accompli, sans remords et avec une responsabilité absolue, ce qui l’amènera à demander la peine capitale. S’en suivit une très belle plaidoirie de la part de l’avocat M. Paul Viven, qui demanda la clémence du jury, afin de sauver de la guillotine ce mauvais garnement de 16 ans et demi.

« Ne le guillotinez pas ! », conclut-il, « Envoyez-le au bagne à perpétuité : peut-être pourra-t-il racheter son forfait. »

Après vingt minutes de délibération, le jury apporta son verdict affirmatif sur toutes les questions, sans admission de circonstance atténuante. L’arrêt ordonna que l’exécution de Gaston Picard ait lieu sur une place publique d’Auxerre.

Un recours en grâce présenté par l’avocat Paul Viven aux jurés ne recueillit que cinq signatures.

 

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