
Le loup et l’agneau – Cliquez sur la carte pour l’agrandir et en voir tous les détails
Carte postale illustrée colorisée
édition Aqua Photo : LV & Cie, Paris
Dos séparé circulé sous enveloppe le 31 aout 1915
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Le Loup et l’Agneau
La raison du plus fort est toujours la meilleure .
 Nous l’allons montrer tout à l’heure.
 Un Agneau se désaltérait
 Dans le courant d’une onde pure.
 Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure,
 Et que la faim en ces lieux attirait.
 Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage 
 Dit cet animal plein de rage 
 Tu seras châtié de ta témérité.
 Sire, répond l’Agneau, que votre Majesté
 Ne se mette pas en colère 
 Mais plutôt qu’elle considère
 Que je me vas désaltérant
 Dans le courant,
 Plus de vingt pas au-dessous d’Elle,
 Et que par conséquent, en aucune façon
 Je ne puis troubler sa boisson.
 Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
 Et je sais que de moi tu médis l’an passé.
 Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ?
 Reprit l’Agneau, je tette encore ma mère.
 Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.
 Je n’en ai point.  C’est donc quelqu’un des tiens
 Car vous ne m’épargnez guère,
 Vous, vos bergers, et vos chiens.
 On me l’a dit : il faut que je me venge.
 Là-dessus, au fond des forêts
 Le Loup l’emporte, et puis le mange
 Sans autre forme de procès.
 Jean de La Fontaine.