Les petites histoires de Courtenay – Une faiseuse d’anges à Courtenay en 1921

 

Les petites histoires de Courtenay

Une faiseuse d’anges à Courtenay en 1921

Nous sommes le 6 février 1921 à Courtenay. Une histoire bien triste alimente les faits divers de la Dépêche du Berry. Voilà en résumé l’affaire
Il y a quelques jours, le Parquet de Montargis avisé par une dénonciation anonyme, a appris que deux femmes ont pratiqué des manœuvres abortives sur une jeune fille de la commune de Courtenay. La police mobile d’Orléans a procédé aussitôt à une enquête et arrêté, hier, l’avorteuse Marguerite Gobillot, née Guérin, 21 ans, journalière, et sa mère, Abolie Guérin, 44 ans, qui ont reconnu avoir fait avorter une demoiselle Gilberte Gabaret, 21 ans, laquelle a été aussi arrêtée. Les trois femmes ont été écrouées à la prison de Montargis. On s’attend à d’autres arrestations.
Il faut rappeler qu’à cette époque l’avortement est un crime jugé aux Assises : une femme qui a avorté encourt jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et une avorteuse « faiseuse d’ange » jusqu’à 5 ans.(article 317 du code civil). Le 2 août 1943, Marie-Louise Giraut âgée de 39 ans sera guillotinée à la prison de la Roquette pour avoir pratiqué 29 avortements. Cette exécution a été voulue par le régime de Vichy sous lequel la natalité était devenue une « priorité nationale » et l’avortement, un « crime contre la race ».
Et pourtant dés 1890 une femme écrit dans le journal Gil Blas  » Voyez-vous, l’avortement est un malheur, une fatalité, pas un crime. » La législation n’a pas le droit de punir ce qui est son œuvre, son œuvre à elle-seule. Tant qu’il y aura, de par le monde, des bâtards et des affamés, le drapeau de Malthus, le drapeau tâché de sang des infanticides avant la lettre, flottera sur ce troupeau d’amazones rebelles qui, forcées par vos lois de tenir leurs seins arides, ont droit de garder leurs flancs inféconds !
Lorsque les hommes ont placé l’honneur des hommes sous le cotillon des femmes, ils auraient dû songer, en même temps, à ne pas imputer de crime et à ne pas frapper de châtiments tout acte commis par la femme pour sauvegarder l’apparence de cet honneur-là. Le contraire est illogique et cruel.
Cette femme qui signe Jacqueline ou Mlle Séverine dans Gil Blas n’est autre que la Journaliste et féministe Caroline Rémy. Il faudra attendre la loi du 17 janvier 1975 relative à l’interruption volontaire de grossesse, ladite loi Veil, pour dépénaliser l’avortement en France.

 

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